Les secrets de la licorne

Elle chevauche notre imaginaire depuis 3 000 ans : la licorne, ou unicorne, a d’abord fait rêver les poètes avant de toucher (presque) toutes les corporations.

Star des pubs télé (Canal+), elle donne depuis peu son nom aux entreprises valorisées à 1 milliard de dollars avant même d’être cotées en bourse, ou à des joueurs de basket atypiques (Kristaps Porzingis) et déclenche même une tendance coiffure…

La licorne connait un retentissement sans précédent, peut-être depuis qu’elle a définitivement été adoptée par le monde des geeks pour en faire une sorte de mascotte souvent kitsch, souvent associée aux couleurs de l’arc-en-ciel, mais en tous cas métaphore parfaite du non-réel et de l’extra-ordinaire.

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Licorne, licornes

Presque chaque civilisation possède sa licorne. En Inde, elle a un corps humain et apparaît dans le Mahâbhârata, grande épopée de la mythologie hindoue. En Chine, elle se nomme Qilin, son corps est lumineux et sa voix résonne comme la cloche d’un monastère. Plutôt sauvage, elle vit dans les forêts et n’apparaît que rarement aux yeux des humains. En Europe, au Moyen-Âge, la licorne semble s’apprivoiser un peu plus, en tous cas par les jeunes femmes vierges et pures puisqu’elle pose sa tête sur leurs genoux.

Les imaginaires de la licorne

Dans notre imaginaire collectif, nous associons la licorne à la célèbre tapisserie La Dame à la Licorne, qui est en fait un ensemble de 6 œuvres, restaurées en 2014 et visibles au Musée de Cluny à Paris. Les chercheurs pensent que 5 des tapisseries représentent des allégories de nos 5 sens – vue, ouïe, toucher, odorat, goût – et que le 6e tableau, intitulé « À mon seul désir » est une symbolique du spirituel, une sorte de 6e sens. Il faut dire que la licorne est associée depuis toujours au fantastique : sa corne pourrait détecter les poisons, purifier les eaux contaminées, guérir les plaies, les maladies…

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Être ou ne pas être

La licorne et la fée ont ceci en commun : il suffit d’y croire pour qu’elles existent, ou qu’au moins l’idée d’une licorne existe ! C’est ce qu’Umberto Eco écrit dans Le Nom de la rose : « La licorne est comme une empreinte de pas. Si l’empreinte existe, il existe forcément ce qui a laissé l’empreinte. La licorne, c’est l’empreinte d’une idée ».

Pour conclure, laissons la parole à Rainer Maria Rilke : c’est peut-être lui qui parle le mieux des licornes dans le recueil Sonnets à Orphée :

« Oh ! C’est elle, la bête qui n’existe pas.
Eux, ils n’en savaient rien, et de toutes façons
– son allure et son port, son col et même la lumière
calme de son regard – ils l’ont aimée.

Elle, c’est vrai, n’existait point. Mais parce qu’ils l’aimaient,
bête pure, elle fut. Toujours ils lui laissaient l’espace.
Et dans ce clair espace épargné, doucement,
Elle leva la tête, ayant à peine besoin d’être.

Ce ne fut pas de grain qu’ils la nourrirent, mais
rien que toujours, de la possibilité d’être (…) »

(traduction : Armel Guerne)

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Sources : Slate.fr, Le livre des symboles (éd. Taschen), France Culture, weheartit.com, histoiredintuition.com, tweeter, facebook.
Images : Y. Gaillard, tweeter, weheartit, histoiredintuition

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