Vasarely a peut-être été l’un de mes premiers chocs artistiques : tout petit, j’étais fasciné par ces œuvres « gonflées » (de la série Vega) que l’on trouvait un peu partout au dos du mobilier urbain parisien… Nous étions alors au pic de la diffusion des productions de Vasarely, qui a rêvé que son art, pensé comme un langage, un alphabet graphique, soit universel.
Mais, à voir ces motifs sur des toiles, puis des tissus, puis des papiers peints, des façades d’immeubles, il semble y avoir eu « trop plein » ! C’est donc après une longue période de désintérêt de la part de monde de l’art et du grand public que le centre Pompidou a décidé de proposer une vaste rétrospective au pape de op art (ou art optique, à ne pas confondre avec le pop art !).
Si l’on devait tenter de définir l’artiste en trois mots, je dirais : publicitaire, explorateur et utopiste.
Un publicitaire
On le voit dès la première salle de l’exposition : Vasarely a travaillé, étant jeune, dans le domaine de la communication. Il en a retenu le souci de l’impact, de la simplicité, de l’effet maximal avec un minimum de moyens. Une nécessité d’épurer pour aboutir à l’essentiel. Mais aussi le rapport entre les formes et leurs évocations : ainsi, un simple R, déformé, donne immédiatement une impression de douleur, dans Rhumatismes.
Un explorateur
Chercher de nouvelles formes, de nouveaux effets, sur de nouveaux supports : Vasarely passe de la peinture aux papiers découpés, à la céramique, au métal… En exploration constante, il ne se contente pas de multiplier les combinaisons d’un système graphique (pourtant infinies !). De même, il sort de la définition classique de l’artiste, puisqu’il collabore avec les univers de la communication (on lui doit le logo Renault et la couverture de l’album Space Oddity de David Bowie), de la mode, des arts de la table, de l’architecture, etc.
Un utopiste
Vasarely plaide pour une socialisation de l’art. Il crée, dans les années 60, un système composé de 6 formes incluses dans des carrés, élaborant ainsi un « alphabet plastique », qu’il veut universel, capable d’engendrer un nouveau « folklore planétaire ». C’est cette ambition qui est joliment traduire par le nom de l’exposition, « le partage des formes ».