Attention, la scène qui suit est déroutante… Vous faites vos courses dans un hypermarché, à l’affût des promotions, lots de 10 et offres spéciales. À deux rayons de là se tient un petit stand, avec un animateur qui propose des produits issus du commerce équitable. Seul problème : malgré le flux incessant des clients (nous sommes évidemment un samedi matin), personne ne s’arrête ou même ne regarde le vendeur qui, de son côté, est loin d’haranguer la foule comme un bateleur. ll est là, prêt à répondre à vos questions, mais pas prêt à vous en poser…
Il faut dire que les produits issus du commerce équitable partent évidemment d’un bon principe mais cumulent les a priori : ils sont perçus comme plus chers, leur gamme de choix est limitée et, qu’il s’agisse de thé ou de chocolat, ils proposent des crus souvent forts en goûts pour nos papilles habituées aux saveurs consensuelles des grandes marques de l’agroalimentaire.
Bref, moi non plus, je ne projetais pas de stopper mon caddie pour engager la conversation, mais c’était sans compter sur l’empathique Madame G., qui décréta : « Oh, le pauvre, il n’a personne ! Allons lui acheter un paquet de café ! ». Soit !
Et là, avec des mots simples et une réelle authenticité, le vendeur nous explique que sa coopérative aide à faire renaître une plantation de café congolaise, dont l’exploitation a été stoppée pour cause de guerre civile. Il nous parle du lac Kivu, à proximité des champs de caféiers, des Hauts Plateaux, de la culture presque abandonnée, qu’il a fallu reprendre, de la création de la coopérative, des 3 200 petits cultivateurs, et de ce cru qui renaît : un grand arabica africain.
À ce moment, l’acte d’achat prend un tout autre sens. Il ne s’agit plus d’engraisser une multinationale qui s’est inventée une charte environnementale à l’aide d’agences de communications, mais d’aider concrètement des cultivateurs et, pourquoi pas, de montrer que la guerre n’est pas une fatalité.
Mais il y a encore mieux : ce café est délicieux. Peut-être parce qu’en altitude (les caféiers se situent à 1 450 – 2 000 m), les grains mûrissent plus lentement, peut-être parce que la récolte est faite avec passion, peut-être parce que ce projet est beau, tout simplement.
Rappelons que le but du commerce équitable est de limiter les dépenses liées aux intermédiaires et à la communication, de façon à mieux rémunérer les producteurs afin qu’ils puissent investir dans un futur durable.
Je vous recommande ce cru « Café Congo, hauts plateaux du Kivu », de la marque Éthiquable.