Particulièrement polluante, l’industrie du bâtiment s’interroge sur le sens même de sa mission. Elle privilégie de plus en plus l’optimisation de l’existant à la démolition-reconstruction, une hérésie écologique. 2 exemples qui font réfléchir…
Un constat édifiant
D’un côté, on compte 40 millions de tonnes de déchets issus de l’industrie du bâtiment chaque année, rien qu’en France. De l’autre, on bétonne 1 000 nouveaux hectares chaque semaine. Même si beaucoup d’architectes préfèrent « signer du neuf », il devient urgent de chercher des moyens de valoriser l’existant…
Cas n°1 : le Grand Parc
Cette cité bordelaise de 4 000 logements répartis en barres et tours, édifiée dans les années 50, présentait des signes de fatigue et était décriée pour l’étroitesse de ses appartements. Plutôt que de la raser pour reconstruire, les architectes Lacaton et Vassal ont pris le parti de la rénover en lui adossant une nouvelle façade extérieure, sorte de jardins d’hiver accessibles pour chaque appartement.
Résultats :
• chaque appartement a gagné 30 m2
• La consommation de chauffage a été divisée par 2
• le chantier a coûté 35 M€ (contre 88 M€ estimés pour une démolition-reconstruction)
• les habitants n’ont pas eu à être délogés pendant la durée des travaux
• cette réhabilitation a reçu le Grand Prix européen d’architecture Mies van der Rohe 2019
Cas n°2 : l’ancien garage
À Paris, un ancien garage Citroën, vide depuis plusieurs années, est en attente d’un projet suite à un concours. Entre-temps, il est prévu que le lieu devienne un centre d’hébergement d’urgence. L’architecte Julien Beller a utilisé les principes de l’économie circulaire (C2C) pour aménager le lieu en un temps record et un budget très serré (3 M€) : il a récupéré les sanitaires, portes et systèmes de désenfumage d’un précédent centre temporaire.
« Avec tous les gravats et déchets qu’il faut évacuer, stocker et abandonner, détruire est un échec. »
Christine Leconte, architecte
Source : Telerama. Visuel : pixabay