Au cours d’une interview, Yann Arthus-Bertrand livre sa vision d’une révolution nécessaire et urgente :
« On n’a pas envie de changer. Personne n’a envie de changer. Pourtant, il nous faut une vraie révolution. On est très loin de ce qu’on devrait faire.
Tous les rapports – je m’y intéresse depuis 1992 – sont de pire en pire. Tous. Aujourd’hui, le WWF estime qu’on a perdu 70 % du vivant en 40 ans. C’est incroyable, et on continue comme avant.
On sait aujourd’hui que la viande industrielle détruit la planète, on continue ! Et dans les COP 21, on sert de la viande industrielle. Tout le monde vient en avion, du monde entier, alors qu’on pourrait le faire tous en Skype…
Il nous faut une révolution.
Cette révolution, elle ne sera pas politique, parce que les hommes politiques nous ressemblent, ils sont comme nous, c’est nous qui les élisons. On a les hommes politiques qu’on mérite. Ils ne sont pas plus courageux. Aujourd’hui, le graal de tout homme politique, c’est l’emploi, la croissance. Il ne peut pas lutter contre ça, c’est ce que ses électeurs veulent. La principale inquiétude dans tous les sondages c’est « garder mon emploi ».
Ce ne sera pas une révolution scientifique, parce qu’on ne va pas remplacer les 95 millions de barils de pétrole qu’on consomme tous les jours par des panneaux solaires ou des éoliennes, même s’il en faut.
Ce ne sera pas non plus une révolution économique, car l’économie, le capitalisme ne veut que plus ! Toujours plus de production, plus de gâchis, plus acheter.
Donc la révolution sera spirituelle, pas au sens biblique, mais « qu’est-ce que moi, en tant qu’homme, j’ai envie de changer ? Que puis-je faire ? »
Je pense enfin qu’il y a des valeurs essentielles qu’on ne nourrit pas assez : la compassion, l’empathie, la bienveillance, l’honnêteté. Ces valeurs-là, on en a besoin dans l’écologie d’aujourd’hui. »
yannick gaillard 