L’annonce d’une découverte de deux sites renfermant du lithium en Europe pose question : opportunité ou danger ?
Le lithium est un métal absolument stratégique car indispensable aux batteries qui équipent aussi bien les smartphones que les voitures électriques. Il sert également à produire des verres et des céramiques. Le précieux métal est l’objet de toutes les convoitises et l’Europe n’est pas très bien dotée puisqu’elle importe 86 % de ses besoins en lithium. Dans l’Humanité en danger, Fred Vargas estimait que l’épuisement en lithium sur la planète interviendrait au plus tard en 2050. L’annonce de nouveaux gisements, en particulier en Europe, pourrait donc constituer une bonne nouvelle.
Deux gisements découverts en Europe
Au nord du Portugal, une réserve évaluée à 60 000 tonnes se trouverait à 300 mètres sous terre. Les permis d’extraction se suivent (si toutes les demandes aboutissent, près de 10 % du territoire portugais pourrait être creusé !), Bruxelles promet 3,2 milliards d’aides pour créer un « Airbus des batteries » et réduire ainsi la dépendance de l’Europe face au lithium.
En Alsace, certaines poches d’eau chaude du sous-sol abriteraient assez de lithium pour justifier la création de 3 « centrales », qui assureraient jusqu’à 40 % de l’ensemble de la demande industrielle française pour le précieux métal. Un rapport du Bureau de recherches géologiques et minières indique d’autres gisements de lithium en France : dans le massif central et le massif armoricain.
Les limites de l’exercice
Dans les deux cas, ces mines de lithium posent question.
• Elles sont tout d’abord très gourmandes en eau pour l’extraction, à une époque où tout devrait être réalisé pour économiser cette ressource de plus en plus précieuse.
• Ensuite, le minerai extrait (dans le cas du Portugal) est censé être expédié par la route jusqu’à l’embarcadère de Porto puis rallier la Chine en cargo : un bilan carbone hallucinant.
• Enfin, ces mines vont inévitablement laisser des traces : sur le paysage, en profondeur (quelle méthode d’extraction ?), apportant bruit et poussière aux villages alentours et contaminant probablement les sols avec le processus de traitement du minerai.
Les Portugais ont le souvenir d’anciennes mines de tungstène, qui avait laissé derrière elles un paysage de désolation : villages fantômes et sols souillés.
Les partisans du projet mettent en avant la création de 200 emplois directs, 250 millions d’euros de retombées financières pour les localités et l’État et suggèrent, une fois l’extraction terminée, de réaliser un lac, source d’énergie hydroélectrique. Mais les habitants du secteur, à l’image de Vitor Barroso Alfonso, interviewé dans le JDD, pensent plutôt que « les compagnies repartiront avec leurs dividendes et [qu’ils] resteront avec les trous et les balafres ».
Côté Alsace, la technique d’extraction aurait, selon les exploitants, un très faible impact environnemental.