« Comment habiter maintenant la Terre » ?

Tel était le thème de la conférence qu’Aurélien Barrau a donnée à Liège en janvier 2020. C’est la première partie de cette démonstration – l’état du monde – qui est ici résumée : quelques chiffres indiscutables qui dressent le portrait d’une planète malmenée. 

Il n’y a pas de « problème » climatique : ce serait une imposture de le dire aussi faiblement. Il n’y a pas non plus de « 6e extinction massive » : il y a en réalité la 1re extermination drastique et délibérée de la vie sur Terre.

  • En 1 seule décennie, dans la branche du vivant, la biomasse a chuté de 67 % : un chiffre apocalyptique.
  • La moitié des points de non-retour dans le cadre des changements climatiques a été atteint, et cela plus vite que dans les pires scénarios imaginés par les spécialistes.
  • La vie est en chute libre dans tous les secteurs (les animaux ne « disparaissent » pas : ils sont tués).
  • En 40 ans, 400 millions d’oiseaux ont disparu en Europe, ainsi qu’un milliard aux États-Unis, 60 % des populations d’animaux sauvages ont périclité. 80 % des insectes volants ont été tués en Allemagne. Les grandes espèces de poissons d’eau douce ont chuté de 88 %.
  • 1 000 milliards d’animaux marins meurent chaque année par la surpêche industrielle par des navires qui parcourent chaque année 35 000 fois le diamètre de la Terre.
  • Les humains représentent 0,01 % des vivants sur Terre mais sont à l’origine de 85 % des morts depuis le début de l’ère industrielle.
  • En France, nous perdons l’équivalent de 1 à 3 départements d’espaces vierges tous les 10 ans. 
  • Seules 20 % des terres émergées dans le monde n’ont pas été impactées par l’activité humaine.
  • 74 % des humains seront soumis à des canicules de plus de 20 jours à la fin du siècle. 44 pays sont déjà en situation de stress hydrique fort ou extrême.  
  • Les objectifs de réduction d’émissions de GES sont très inférieurs à ce qui serait nécessaire et nous sommes très loin de les atteindre.
  • Le régime de croissance exponentielle d’utilisation des ressources est ce qu’on nomme une instabilité : c’est un état qui conduit presque inéluctablement à un crash. Nous sommes donc en train d’organiser le crash du système vie sur Terre.
  • Le dégel du permafrost (pergélisol) est 50 fois plus rapide que prévu et le méthane libéré est 20 fois plus puissant que le carbone en termes d’effet de serre. Il libère également des agents pathogènes que l’on pensait éradiqués.
  • L’océan de plastiques représente 3 fois la taille de la France et sa masse est en croissance exponentielle.
  • La production de déchets va augmenter de 70 % dans les 30 prochaines années.
  • Chaque année, 80 000 km2 de forêts disparaissent. Les forêts primaires sont s’éteindre dans la prochaine décennie. Il ne reste plus de 46 % des arbres que la Terre comptait avant les débuts de l’agriculture par les Hommes.
  • La fonte des glaciers va donner trop d’eau douce, puis trop peu, et va libérer beaucoup de mercure (800 000 tonnes), la rendant impropre à la consommation
  • L’été dernier, 3 millions d’hectares de forêts sibériennes sont parties en fumée. En 1 seule journée, 11 milliards de tonnes de glace ont fondu au Groënland. Les feux en Australie ont fait disparaître 8 millions d’hectares de forêts et plus d’1 milliards d’animaux, sans compter les invertébrés.
  • En Europe la pollution tue environ 800 000 personnes par an. 
  • Chaque année, 89 millions d’humains supplémentaires doivent être nourris, alors de 40 % de la production alimentaire mondiale est gaspillée.
  • 1 million d’espèces sont menacées à très court terme.
  • La probabilité que le changement climatique ne soit pas dû à l’activité humaine est de 0,0005 %.
  • L’ONU table sur 200 à 600 millions de réfugiés climatiques dans 30 ans.
  • La production de plastique a doublé depuis l’an 2000.
  • 91 % des déchets ne sont pas recyclés.
  • Plus de 75 % des terres sont endommagées par l’homme.
  • Les zones mortes océaniques ont quadruplé depuis 1970.

Le changement climatique n’est pas l’unique problème : c’est l’un des problèmes parmi d’autres. Même si les températures n’augmentaient pas, nous serions tout de même en train de vivre une extinction massive. 

Le 1er problème majeur est la fonte des espaces de vie : les vivants non humains n’ont plus d’espace pour vivre, donc ils meurent. En 20 ans, l’Afrique a perdu 15 % d’espaces vierges, l’Amérique du Sud, 30 % et la tendance est à l’accélération. 

Le 2e problème est la surexploitation, notamment la surpêche.

3e cause : l’agriculture intensive. 98 % des pesticides utilisés atteignent une autre destination que leur cible. Les pesticides tuent 62 millions d’oiseaux par an aux États-Unis.

En 2019, plus de 200 journalistes écologistes ont été tués pour leurs convictions [cette information fait écho à l’article que nous publiions le 8 octobre 2019].

L’intégralité de la conférence est visible ici.

Source : « Les grandes conférences liégeoises », Aurélien Barrau. Visuel : pxhere.

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