Saison romantique et crépusculaire, l’automne commence à étendre son manteau d’or sur nos villes et nos campagnes. À cette occasion, Du Bonheur Dans l’Air change d’habits et lui rend hommage !
Pour accueillir l’automne, je souhaitais tenter d’en retranscrire les impressions. Pour cela, je me suis entouré… des meilleurs !
Tout d’abord, je citerai le rédacteur en chef du très regretté « Maison & Jardin passion », un magazine que j’adorais par dessus tout, et surtout pour ses éditoriaux. En automne 2004 et 2006, donc, Willy Aboulicam écrivait : « Septembre, une fois de plus, nous a rejoint, avec ses routes mouillées, des caddies chargées, sa moisson de liste de courses, de formulaires à remplir, d’emplois du temps et de rendez-vous à ne pas manquer. Les chemins de l’été, encore bordés de buissons chargés de délicieuses mûres, finissent donc là, au seuil des écoles, à la porte des bureaux, et si le soleil s’attarde encore parfois, c’est pour adoucir cette trop brusque transition, en l’oisiveté et le travail. (…) Après les renaissances, les floraisons et l’opulence des maturations, voici venu le temps des lentes et flamboyantes fragmentations. Sur la peau tendue des fruits, des lézardes sont d’abord apparues, et ces chemins creux et hésitants ont souvent pris la couleur de la terre. La tomate esseulée, oubliée dans l’herbe, a peu à peu disparu. (…) Les arbres se dépouillent de leurs derniers fruits tandis que la belle lumière de l’été s’éparpille sur leurs feuilles en mille reflets. Bientôt, elles iront composer des mosaïques de hasard. D’abord flamboyants, les tableaux de l’été indien tomberont eux aussi en pluie avant de s’éteindre. »
Qui mieux qu’un maître de haïku peut saisir l’insaisissable, capturer l’instant et le coucher sur le papier pour l’éternité ? La saison est essentielle dans le haïku et l’automne a inspiré bon nombre de poètes. Ainsi, Masaoka Shiki écrit :
Pluie d’automne —
les hortensias
se décident pour le bleu.
ou
Sur les champs des hauteurs
les épouvantails
se coiffent d’un nuage.
Mais l’automne inspire aussi nos contemporains :
Sur les ailes de la libellule
l’immense tranquillité
de ce matin d’automne.
(Kenneth White)
Écoute bruisser la pluie.
Je murmure un secret pour
pénétrer son cœur.
(Tomas Tranströmer, Prix Nobel de littérature 2011)
Alors, au gré de nos promenades en forêt, de nos week-ends à la campagne, savourons les « lentes et flamboyantes fragmentations » de l’automne et tentons d’écouter la nature se préparer à un profond sommeil…

