Alors que nous débattons du glyphosate et des 5 ou 10 m de distance entre zones d’épandage et zones d’habitation, un « nouveau » sujet fait son apparition : le SDHI. Des chercheurs de l’INSERM ont mis en évidence la dangerosité de ce fongicide pour les humains, puisqu’il s’attaquerait « à tout organisme qui respire ».
Comment fonctionne le SDHI ?
Les cultivateurs de fruits et légumes redoutent l’apparition de champignons pouvant altérer l’aspect (ou faire pourrir) leur récolte. Ils utilisent donc des fongicides. Le SDHI est un cocktail de 11 substances qui éliminent ces champignons en bloquant leur processus de respiration cellulaire. Mais s’il fonctionne sur les champignons microscopiques, le SDHI agit tout aussi bien sur le ver de terre ou l’être humain.
« Lorsqu’on bloque l’enzyme responsable de la respiration cellulaire, il en résulte des pathologies très graves : neuropathies et cancers »
Sylvie Bortoli, chercheuse à l’INSERM
« Contrairement à d’autres pesticides, dont les mécanismes d’action sont encore flous, nous savons parfaitement ce que ciblent les SDHI. Cette cible est présente chez tous les mammifères et tous les organismes vivants. Et tous sont tués par les SDHI s’ils y sont exposés suffisamment longtemps ou en quantité. Ne pas retirer ce produit du marché est totalement irresponsable ! »
Pierre Rustin, Directeur de recherche au CNRS.
Les SDHI sont commercialisés sous les noms de Boscalid pour traiter le blé, la vigne, les vergers, la laitue, les fraisiers, Exteris stressgard pour le gazon ou encore Seguris flexi pour les poires.
Jusqu’ici, les agences sanitaires semblent se fonder sur les tests génériques de toxicité datant des années 1980 et ont conclu à une « absence d’alerte sanitaire ». Mais devant la pression, l’ANSES vient d’émettre un « signal à la vigilance » et lance une série d’études et de travaux, qui devraient prendre fin au 1er semestre 2020. L’agence indique, dans un communiqué, que « [des] dispositifs de surveillance ont (…) inclus les fongicides SDHI dans la liste des substances à surveiller. »
Les pesticides sont-ils indispensables ?
Selon une idée reçue, l’utilisation des pesticides (qui regroupent les insecticides, les herbicides et les fongicides) serait la seule garantie de produire assez de récoltes afin de nourrir la planète. Or, les rendements des fermes biologiques sont égaux, voire supérieurs à ceux des fermes « conventionnelles » (c’est-à-dire utilisant des pesticides). Dans son livre L’Humanité en péril, Fred Vargas indique que sur 75 % des surfaces bio dans le monde, on obtient de meilleurs rendements à l’hectare qu’avec l’agriculture conventionnelle.
• 1 ha de blé cultivé en conventionnel produit au maximum 10 tonnes de grains par an
• 1 ha de maraîchage bio produit 20 à 50 tonnes de légumes variés par an.
Par ailleurs, les effets dévastateurs des pesticides ne sont plus à prouver :
• entre 60 et 90 % de mortalité chez les abeilles
• – 80 % d’insectes en 30 ans
• 1/3 d’espèces d’oiseaux disparus en 30 ans
• 31 % des eaux souterraines contaminées pour plusieurs dizaines d’années
Or, ces 5 dernières années, l’utilisation des pesticides chimiques a augmenté de 18 %.
ON FAIT QUOI ?
• Lorsqu’il est possible de le faire, privilégier la consommation de fruits et légumes bio ou issus de l’agriculture raisonnée (environ 75 % des fruits et 40 % des légumes non bio portent des traces de pesticides pouvant altérer la santé)
• Choisir des vins bio (la vigne utilise 65 000 tonnes de pesticides par an en France et aucune norme ne limite la teneur en pesticides du vin).
Sources : ANSES, Ouest France, L’Humanité en péril (Fred Vargas) / Visuel : pixabay
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