Lors du dernier Global Positive Forum (décembre 2019), le physicien Aurélien Barrau, auteur de Le plus grand défi de l’humanité, a fait une intervention aussi courte que remarquée :
« Voici deux informations très récentes, qui sont peut-être les plus importantes de ce siècle :
• Dans la branche du vivant, la biomasse a chuté de plus de 67 % en 10 ans. C’est une catastrophe planétaire.
• La moitié des points de basculement irréparable sont déjà atteints, beaucoup plus rapidement de ce qui avait été prévu dans les pires scénarios des scientifiques.
Nous sommes littéralement dans un état d’extermination massive de la vie sur Terre. Nous sommes en guerre totale. Nous sommes à la fois les auteurs de ce massacre et une partie des victimes de ce massacre.
Et pour être tout à fait honnête et le dire sans être trop vindicatif, je crois quand même que l’essentiel de ce qui est proposé aujourd’hui relève de la bouffonnerie. Nous sommes en conflit nucléaire et nous affutons nos lance-pierres. Ça ne va pas faire illusion longtemps. Il faut que nous sortions de cet état d’hébétude. (…) »
À l’argument « Il est difficile de tout changer, car il y a des réalités économiques », Aurélien Barrau répond :
« Oui, mais les réalités économiques sont contractuelles. Les réalités biologiques et physiques, elles, ne sont pas contractuelles. Elles se rappellent à nous et il va être temps d’être un peu sérieux. »
À la question posée par Christophe Barbier : « Peut-on changer de modèle et évitant la décroissance ? », il répond : « La croissance ne m’intéresse pas du tout ! Ce qui m’intéresse, c’est le progrès (…). La décroissance, je l’appelle de mes vœux. Elle ne doit pas faire peur. Le PIB, on s’en fiche complètement (…). La corrélation entre la croissance du PIB et la dévastation écologique est un fait scientifique acté. »