« Nous pouvons réduire de 60 à 90 % l’usage de produits phyto »

Ce n’est pas un berger New Age qui le dit, mais le PDG de l’INRAE (Institut national de la recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement), Philippe Mauguin. Mais comment ?

C’est grâce à une combinaison de facteurs que l’usage des pesticides et autres produits phytosanitaires pourrait être largement réduit, voire stoppé.

Les recherches sur la génétique (il ne s’agit pas de créer des OGM, mais de développer des variétés résistantes aux maladies et aux agresseurs en identifiant des gènes résistants). « Nous avons sorti quatre premiers cépages résistants au mildiou et à l’oïdium en 2018 : ils ont permis de réduire de 80 % à 90 % l’utilisation de produits phytosanitaires. (…) Dans la Drôme, nos chercheurs travaillent sur un verger sans pesticides. (…) En Chine, sur un riz produit sans aucun fongicide » explique Philippe Mauguin.

Le biocontrôle : il s’agit d’utiliser des organismes vivants ou des substances naturelles pour contrôler les insectes et champignons envahisseurs. « Le biocontrôle représente aujourd’hui un des axes de recherche les plus prometteurs pour réduire notre consommation de pesticides » précise M. Mauguin.

L’apport du numérique. Les nouvelles technologies et l’intelligence artificielle, appliquées à l’agriculture et l’élevage, permettent d’optimiser l’usage des produits de traitement ou même d’anticiper les attaques.

Un accompagnement des agriculteurs. Passer à un système sans pesticides est une prise de risque technique et économique, sur un marché très concurrentiel et un environnement de plus en plus soumis aux aléas climatiques. Un accompagnement financier, mais aussi un changement total de paradigme sont nécessaires.

Les pesticides chimiques ont de sérieux atouts (très efficaces, faciles d’emploi et très abordables), mais il est aujourd’hui reconnu que le modèle intensif auquel ils sont liés est dans l’impasse. Face à eux, « la solution unique n’existe pas : l’agriculture numérique et les biotechnologies ne suffiront pas à résoudre toutes les questions. Les fermes verticales ou encore la production cellulaire de viande ne seront pas les modèles agricoles de demain (…) Les solutions alternatives aux pesticides sont toutes à effet partiel. Il ne s’agit pas de substituer un produit à un autre, mais d’avancer sur des combinaisons complexes de solutions » conclue M. Mauguin.

Source : Le Monde. Visuel : pxhere.

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