Printemps

L’évènement que nous vivons ne devrait pas en occulter un autre : c’est aujourd’hui le Printemps. Symbole de renouveau, de renaissance, et plus globalement d’espoir, le Printemps célèbre chaque année la nature et la vie.

Nature et vie ont été malmenées depuis la révolution industrielle et, associés à l’accroissement de la population mondiale, les effets sont rapidement devenus dramatiques, voire irréversibles dans certains cas.

Il est vertigineux de réaliser que :
– si l’histoire de la Terre représentait une journée de 24 heures, la naissance de l’espèce humaine interviendrait dans les dernières secondes de 23 h 59.
– les humains représentent 0,01 % des vivants sur Terre, mais sont à l’origine de 85 % de la disparition du vivant depuis le début de l’ère industrielle.

Face à la pandémie du Covid-19, nous sommes contraints de réduire notre emprise, notre impact sur l’environnement. Et, comme on l’a constaté, les effets bénéfiques sont immédiats : baisse de la pollution atmosphérique et de la pollution sonore dans les villes, une eau cristalline à Venise et des dauphins qui viennent nager dans le port de Cagliari en Sardaigne.
Cette crise révèle aussi des initiatives exemplaires, comme ce fabricant de jeans qui utilise sa toile pour créer des masques qu’il fournira gracieusement au personnel soignant de sa ville, ou ces jeunes qui proposent de faire des courses pour les seniors, mais aussi des actions coordonnées et symboliques pour saluer le dévouement du personnel soignant (les applaudissements aux fenêtres et sur les balcons à 20 heures).

Mais quelles leçons tirerons-nous de cet évènement sans précédent, aux allures de sonnette d’alarme ?
La gouvernement français évoque un « nouveau paradigme », qui impliquerait que rien ne sera plus comme avant (« Il faudra interroger le modèle de développement dans lequel s’est engagé notre monde depuis des décennies » Emmanuel Macron, jeudi 12 mars 2020). La Chine vient d’interdire la consommation d’animaux sauvages. Mais après ?

Comme le soulignait dernièrement le New York Times, « la crise sanitaire que nous traversons est la preuve que les gouvernements du monde entier sont capables d’agir vite, de manière coordonnée et avec le soutien de leur population ». Les 750 milliards injectés dans l’économie par la Banque Centrale Européenne en sont un bon exemple.
Pourquoi ne pas, alors, lutter contre le changement climatique avec la même logique, les mêmes moyens, la même détermination ? Sans doute parce qu’il y a d’un côté un danger immédiat, et de l’autre un danger perçu comme lointain, qui a encore peu d’impact sur notre quotidien. Par ailleurs, les intérêts de certains industriels ne vont pas dans le sens d’une responsabilisation et le travail de leurs lobbies est d’une redoutable efficacité. On peut espérer que la récente décision du Conseil constitutionnel, reconnaissant que « la protection de l’environnement » peut justifier des « atteintes à la liberté d’entreprendre » permettra de modifier ces comportements.

Il n’est pas question de faire une bataille de chiffres, mais il est bon de rappeler que la pollution atmosphérique, à elle seule, cause près de 9 millions de morts chaque année, ce qui pourrait s’apparenter aux résultats d’une très grave pandémie.

Qu’est-ce que cette crise va changer en profondeur ? Si tout repart comme avant une fois le virus passé, nous aurons peut-être manqué la dernière grande occasion de soulager durablement notre planète…

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